Torres del Paine.

Mockup - Photographie (Torres del Paine, Chili)

Le bus nous dépose à l’entrée du parc au matin. Le soleil illumine les montagnes, et nous entrevoyons déjà les « Torres » illuminées, promesses de ce qui nous attend pour notre dernier jour de marche.

 
 

13 Avril 2017

1er jour (18km)

Le bus nous dépose à l’entrée du parc au matin. Le soleil illumine les montagnes, et nous entrevoyons déjà les « Torres » illuminées, promesses de ce qui nous attend pour notre dernier jour de marche.

Puis nous repartons, roulant dans la caillasse et la poussière, à admirer ce paysage qui laisse présager de l’immensité du parc. Nous prendrons ensuite un catamaran, contournant les montagnes, et nous permettant de rejoindre notre point de départ. Le paysage est grandiose, immense, beau, et nous réalisons alors ce qui nous attend, dans l'adrénaline et l'exaltation!

Le sac et ses 10 kilos pesant sur les épaules, commencer à marcher dans ce paysage sec, frais, ensoleillé, où se mélangent végétation et glace, chaleur, iceberg, montagne et plaine. Commencer à s’émerveiller, chose qui ne s’arrêtera plus jusqu’à la fin. Se sentir bien, même si la tâche n’est pas facile.

Tout est sauvage, et commencer à prendre le pli de ces échanges restreints lorsque l’on se croise et que l’on se laisse passer sur ces sentiers escarpés: « Hola, gracias! ». Seuls mots qui seront échangés, mis à part quelques indications ou précisions, lorsque nécessaire. Nous sommes là pour marcher, le reste se passe de commentaire.

 
Le paysage est grandiose, immense, beau, et nous réalisons alors ce qui nous attend, dans l’adrénaline et l’exaltation!
 
 

Se sentir bien, à la fois seul, serein, et rencontrer un ou une autre, juste assez pour savoir que nous sommes toujours au bon endroit, nous rassurer. Continuer, des heures durant. Puis découvrir le glacier Grey, paysage immense et incroyable, soudain au détour d’un virage!

Vers 16h, atteindre le refuge. Poser mes affaires, et continuer au nord, en direction du tour « O », actuellement fermé, et voir le glacier de plus près, au coucher du soleil. Croiser les derniers randonneurs qui ont fait le tour complet. Traverser des ponts suspendus, à plus de 20 mètres de hauteur, vertigineux! Simples ponts, tenus par quelques caillasses, aux dessus desquels on a rajouté quelques troncs, comme si cela allait changer quelque chose! Rassurant également de savoir que l'un d'eux s'est dernièrement effondré…

Continuer, et voir ce paysage incroyable!

Glacier Grey – Torres del Paine, Chili

 

14 Avril 2017

2ème jour (18km)

Se lever à l’aube dans le froid, et voir les dégâts de la nuit. Les animaux sauvages ont mis à sac le campement. Les sacs de nourriture pendus aux arbres pendent éventrés, comme des âmes déchirées, et les traces de farine dessinent à travers tout le campement le chemin parcouru par les malfaiteurs. Les commentaires iront de toute part selon l’expérience de chacun, des disputes éclateront, sous le stresse, la fatigue et le froid; le parc fait son chemin et commence à nous former…

Le parc fait son chemin et commence à nous former…
 
Photographie - Une semaine de déchets

Une semaine de déchets: ce que l'on amène à Torres del Paine, on le remporte avec soi.

Retourner avec deux amis au glacier, puis reprendre la route en sens inverse, dans ce paysage toujours spectaculaire. La tâche est plus dure, je fatigue. Ayant pris le parti de faire le tour dans le sens inverse de la majorité, je croise ceux qui terminent leur tour. De simples regards échangés, sans mots, en disent long.

Nous marchons, nous retrouvons à différentes étapes, au rythme de chacun. Nous mangeons sans nous arrêter, en marchant, une simple pause parfois le temps de remplir sa gourde vide lorsque nous croisons une rivière. Désormais, l’égo s’efface, et fait place à la fierté. Nous ne sommes plus là pour être les premiers, on laisse sa place sans rancoeur lorsqu’un plus rapide arrive. L’effort et l'émerveillement sont tels que l’important est d'être ici. Plus d’égo, juste la fierté partagée de l’avoir fait. Arriver vers 16h au débarcadère, poser mes affaires, et explorer les environs jusqu’au soir…

Demain, la route sera longue.

 

15 Avril 2017

3ème jour (23km)

Partir de nuit, à la frontale; il fait moins de 0°, la nature est givrée et l'eau gelée. Pourtant ne pas mettre de veste, la marche me réchauffera très vite, et le soleil se lèvera aussi, amenant ses 25°C.

Moment intense, solitude, se sentir bien; juste voir deux autres lampes un peu plus loin, et le refuge encore endormi derrière. Voir le lever de soleil, intense! Et cette lumière et chaleur qui nous éblouit, si intense, alors que nous gelons à l’ombre. La brume, ces paysages, le givre. Arriver au premier campement, où je pose mes affaires pour être plus léger.

Commencer alors l’ascension de la vallée del Francés (vallée du Français), paysage magique, changeant, mélange de rouge, de blanc, de neige et de soleil, à entendre et voir les avalanches continues dévaler les parois nous entourant. Arriver au mirador Británico (britannique), point de vue incroyable, le temps de faire le plein de soleil, puis redescendre, reprendre mes affaires, et la route.

Mirador Británico – Torres del Paine, Chili

 
 

Marcher de longues heures. Atteindre cet état d’esprit où l’on marche par habitude. Par automatisme. Laisser sa pensée fatiguée. On pose un pied devant l'autre. On compte les pas: un, deux, trois… jusqu’à vingt. Parfois trente ou quarante. Lorsqu’il faut accélérer, le compte se fait plus court. On compte jusqu’à dix, et on recommence. Ce rythme à peine troublé par un « Hola, gracias. » lorsqu’un autre marcheur vous cède sa place sur le sentier. Ou le temps de prendre une photo. Puis le rythme revient: un, deux, trois… Parfois, dans l’inattention de la fatigue, on se surprendra à compter soixante-huit. Alors on reprendra le compte: un, deux, trois…

Pour la première fois, sentir la fatigue, la lassitude, n'en plus pouvoir de ne pas voir ce refuge arriver. Puis, au bord de l’eau, dans l'humidité et la lassitude, soudain y être. Poser ses affaires, et rester près du poêle pour se réchauffer…

 

16 Avril 2017

4ème jour (21km)

Partir à nouveau à l’aube, et voir la brume sur le lac, magnifique de magie! Marcher dans ce paysage plus reposant, ensoleillé et plat, traverser des marécages, s'enfoncer dans la boue! Soudain, arriver à un croisement: monter vers les tours, ou redescendre vers l'entrée du parc. Voir ceux qui viennent d’arriver, ou ceux qui ne viennent que pour voir les Torres! Se sentir à part. Nous n’avons pas partagé la même chose.

Lago Nordenskjöld (lac Nordenskjöld) – Torres del Paine, Chili

 

Arriver au refuge plus tôt que prévu, et la météo étant risquée pour le lendemain, je décide de pousser jusqu’aux tours, afin d’être certain de les voir. La montée est extrême, fatigante, mais l’enjeu est beau! Nous ne serons pas beaucoup au sommet, tout le monde étant déjà redescendu. Alors, retourner au refuge, où le générateur en panne nous laissera dans le noir et sans électricité pour la soirée.

 

17 Avril 2017

5ème jour (15km)

Se lever à 5h, et comme planifié, monter vers les tours. À la frontale. Voir les lampes des autres déjà en route, dans la pente, partis d'un refuge plus haut. Le paysage est surprenant de nuit! Je suis heureux de l’avoir déjà parcouru, ce qui ne m’empêche de m’égarer plusieurs fois. Je monte, rapide, le soleil se lève vers 8h. Je dépasse les autres dans la montée, je sais ce qui m’attend, et je suis plus expérimenté. Certains souffrent beaucoup. Et se retrouver seul à nouveau, continuer à monter dans le silence et la nuit. Puis atteindre les « Torres ».

Las torres del Paine (les tours du Paine) – Torres del Paine, Chili

 

Nous serons 9 au sommet, chacun restant silencieux. Et soudain, grelottant, voir le soleil couler le long de la roche, comme de la crème, et illuminer les tours! Récompense de cinq jours de marche! Et moins d'une heure après, voir le soleil se voiler et les nuages arriver. J’aurais été chanceux, bénéficiant d'une météo extraordinaire jusqu’au dernier moment! Difficile de rêver mieux, je suis infiniment reconnaissant. Dans la décente, heureux, mélange de tristesse et de la satisfaction de terminer, je pense à ceux qui montent maintenant, et qui ne verront rien des tours…

Arriver à l’hôtel de plaine, voir des chevaux traverser le jardin, magnifiques et libres, des rapaces, sentir cette exaltation que nous partageons tous, de l’avoir fait. Et prendre la navette de retour.

florian

 
 

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Florian

Florian est un photographe et entrepreneur suisse. Aujourd’hui, il vit et travaille à Lausanne, sur les rives du lac Léman, et se consacre désormais à ses différents projets personnels. 

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